Alain Traoré (ph.parlonsdefoot)


La fougue d’un poulain, une frappe de mule et l’efficacité pour cheval de bataille : Alain Traoré est la révélation du championnat de France. Déjà meilleur réalisateur du Burkina Faso dans les qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF 2012, l’Auxerrois domine le classement des buteurs de la Ligue 1 en plus de rayonner dans l’entrejeu bourguignon. A 22 ans, l’Etalon a lâché les chevaux.

"Cela fait deux ans et demi que je lutte pour qu’il atteigne ce niveau. Il avait les qualités mais n’avait pas la maturité. A Auxerre, il jouait peu et se prenait pour une star en sélection et il n’en était pas une", constate Paulo Duarte, son sélectionneur. "Je lui souhaite que cette réussite se poursuive, mais je doute qu’il termine meilleur buteur."

Alain Traoré l’avoue lui-même, il n’est pas un chasseur de but. C’est presque malgré lui que ce milieu de terrain de métier a trouvé cinq fois le chemin des filets cette saison. Quatre de ses réalisations, toutes de sa patte gauche, ont été inscrites depuis l’extérieur de la surface. "Je ne suis pas un buteur. Je suis davantage attiré par le jeu que par le but. Mais si l’occasion de marquer se présente, autant la saisir. Ces buts prouvent surtout que je suis en train de franchir un palier. J’espère que ça va continuer," confie l’intéressé au micro de FIFA.com.

Un retour à marquer au fer rouge

Ce cap, c’est à Manchester United que le Burkinabé avait prévu de le franchir. Repéré en Gambie  lors de la CAN U-17 2005, sa maman ôta finalement les œillères de son petit et le dissuada de rejoindre les Red Devils."J’étais plutôt partant pour jouer à Manchester. C’est en réalité ma mère qui a pris la décision finale. Elle a considéré qu’un club comme Auxerre serait plus bénéfique pour moi", sourit-il. "Vu ma progression, je ne regrette pas du tout son choix."

A l’évidence, Alain Traoré  a trouvé à l’AJA l’esprit "famille" indispensable à son épanouissement et des grands frère qu’il cite volontiers : Olivier Sorin, Adama Coulibaly, et Benoît Pedretti, aujourd’hui à Lille.  De 2006 à 2010, il peaufine dans l’écurie ajaïste une formation entamée au centre Planète Champion de Ouagadougou. Au pas. "Auxerre est un club familial. C’était le cadre idéal pour continuer ma formation", assure-t-il. "Je suis arrivé à 17 ans, jusqu’à l’année dernière je n’étais pas prêt à goûter au haut niveau. Aujourd’hui, je le suis et je joue !"

Je ne suis pas un buteur, je suis davantage attiré par le jeu que par le but
 
Alain Traoré, meilleur buteur de Ligue 1 

En effet, Jean Fernandez a beau lui mettre le pied à l’étrier le 5 août 2006 contre Valenciennes, pour son premier match en Ligue 1, son nom ne figurera pendant quatre ans que sur les feuilles de match de Ligue 2, lors d’un prêt à Brest, et surtout de CFA. Le Real Madrid le remet finalement en selle en septembre 2010, lors d’un match de Ligue des champions de l’UEFA : "Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir la chance de  jouer contre le Real. On m’a fait confiance. J’ai répondu présent. Ce sont des moments qu’on ne peut pas oublier dans une vie. Il y avait tout pour faire un grand match, j’ai saisi ma chance." 

Le galop d’essai est réussi. Quatre jours plus tard, il inscrit son premier but en L1 à Arles-Avignon puis deviendra le titulaire indiscutable qu’il est depuis presque un an. "C’est un joueur qui a d’énormes qualités, qui va vers l’avant. Mais le plus dur commence pour lui", prévient toutefois Laurent Fournier qui tient aujourd’hui les rênes du club bourguignon. "Il va falloir qu’il bosse encore plus. Il va être attendu. C’est là qu’on va voir s’il est un grand joueur."

A cheval sur les priorités
Alain Traoré semble en avoir conscience : "Ma priorité aujourd’hui est de continuer à bien faire jouer l’équipe, de monter en puissance, de travailler mes faiblesses et de perfectionner mes points forts", souligne t-il.

Des points forts dont profite également sa sélection. La réussite du Burkina Faso, qui vient de se qualifier pour la CAN 2012, ne fait pas non plus de mystère pour le jeune Etalon, encore buteur lors du récent match amical contre la Guinée équatoriale (1:0) : "Le Burkina Faso a fait beaucoup d’efforts dans la formation de ses joueurs, et cela est en train de porter ses fruits. Ils partent ensuite s’aguerrir dans des clubs européens. A l’arrivée, l’équipe nationale est jeune et compétitive."

La bride est lâchée, et le Burkina Faso se prend à rêver : "Avec de l’envie, du sérieux, du travail, je pense qu’on peut faire quelque chose dans cette CAN." Quant à une historique qualification pour une Coupe du Monde de la FIFA ? "Nous en parlons entre nous, c’est un de nos objectifs. Mais concentrons-nous d’abord sur la Coupe d’Afrique. Nous verrons par la suite."
Qui veut aller loin ménage sa monture.
Source Fifa.com