Le sélectionneur portugais du Burkina-Faso revient sur l’actu polémique qui secoue la France.
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Paulo Duarte "le football français garde les meilleurs, nous les autres |
Comment as-tu perçu ce scandale autour de la FFF concernant l’idée d’imposer des quotas visant à limiter le nombre de binationaux chez les Bleuets ?
La France est un pays qui connait beaucoup d’immigration. Et il y a un grand mélange de nationalités, de couples mixtes, de métisses. Quand un enfant nait, il peut avoir le choix entre deux pays. La France du football regorge de talents et il n’y pas de toute façon pas de place pour tous. Mais cette question est aussi une lame à double tranchant. Parfois, le fait d’être international A jeune, donne de la visibilité et certains agents poussent certains joueurs à se décider vite pour d’autres nations que la France.
Que faut-il faire dans cas ?
Mais on ne peut pas contrôler les choix futurs des joueurs binationaux. Ou alors on leur coupe les jambes à la naissance ! Qui joue au football ? Les classes populaires et, en France, elles sont souvent originaires d’Afrique ou du sud de l’Europe. Dans mon enfance, il n’y avait pas de Playstation, on jouait au foot. On était modestes. Pour beaucoup d’entre eux, le foot est leur salut.
En tant que sélectionneur d’une nation africaine, le Burkina-Faso, as-tu l’impression de piller la formation française ?
Nous, on récupère les restes et c’est déjà beaucoup ! Parce que la France possède énormément de joueurs de grande qualité et c’est le premier pays à offrir des joueurs à l’Afrique. Le foot français garde les meilleurs et les pays africains prennent les autres. La plupart de ces joueurs attendent trois, quatre ans avant de basculer vers leur pays d’origine.
« On ne peut pas contrôler les choix futurs des joueurs binationaux. Ou alors on leur coupe les jambes à la naissance ! »
Toi qui a été entraîneur en France, l’un des rares étrangers ces dernières saisons, comment as-tu été reçu par tes confrères ?
J’ai été très bien accueilli. C’est vrai que j’étais l’un des seules entraîneurs étrangers mais j’ai été très bien reçu. Lorsque j’ai annoncé que signais au Mans on m’a prévenu que que je pourrais avoir certaines difficultés du fait que je n’étais pas français et que le syndicat des entraîneurs, l’UNECATEF, était très uni derrière ses entraîneurs. Mais j’ai aimé la France. Et puis un syndicat se doit d’être uni. Le seul vrai problème que j’ai rencontré c’est pour mes diplômes. J’ai dû prouver l’authenticité de chaque document qui pourtant est reconnu par l’UEFA, je devais me justifier de tout, apporter les preuves que j’avais été entraîneur en D1 à l’étranger… Les démarches ont duré un mois ! C’était exagéré…
Pourquoi d’après toi il y-a-t-il si peu d’entraîneurs étrangers en France, selon toi ?
Je ne sais pas… Et je trouve que ce n’est pas en harmonie avec l’histoire du football français. Les techniciens étrangers sont rares en France. Pourtant, je pense que le progrès et l’évolution naissent du débat des idées et des cultures. Tout le monde le fait sauf la France et j’en ignore les raisons…