Révélé sur le tard grâce à la CAN 98, l’ancien Étalon Seydou Traoré, à force de travail et d’abnégation, a pu se frayer une place dans le professionnalisme. Après avoir été sociétaire du club de D1 du Koweït, Qadsia sporting club pendant 7 ans, il est devenu entraîneur adjoint depuis 4 ans. Dans cet entretien, l’ancien international, parmi plusieurs sujets, juge le football burkinabè.
Seydou Traoré dit TGV |
Quel regard avez-vous du football national aujourd’hui ?
Je peux dire que le football national a régressé, il suffit de regarder un peu la qualité du jeu, la fréquentation des stades, on voit qu’il n’y a pas de challenge. On se rend compte que la sélection nationale ne peut compter que sur les professionnels. Conséquence, les pros s’endorment, même ceux-là qui ne jouent pas en club savent qu’en sélection leur place est garantie. Cependant, si on avait un championnat fort, il y allait avoir une certaine rivalité entre pros d’abord mais aussi entre pros et locaux. Les joueurs évoluant actuellement dans le championnat national sont calés. L’équipe nationale n’est pas une motivation pour eux. Pourquoi le joueur va se défoncer plus. De toutes les façons il sait que les Étalons, ce n’est pas pour lui.
L’ASFA-Y domine le championnat ces dernières saisons ; l’EFO est devenue méconnaissable et pourrait même passer par les barrages pour se maintenir. Quelle explication en donnez-vous ?
Tout cela dépend de la structuration du club. J’ai remarqué qu’au Burkina, une équipe qui est bien structurée, bien organisée, arrive à avancer au plus vite ; l’ASFA-Y a eu cette chance-là. Souvenez-vous qu’il fut un moment où l’ASFA-Y a connu des problèmes, elle a failli descendre en 2e division ; elle en a pris conscience, elle s’est restructurée et aujourd’hui elle récolte les fruits . L’EFO semble avoir fait le chemin inverse. Si l’EFO est dans cette position aujourd’hui, c’est qu’il y’ a eu un problème organisationnel. Toutefois, remarquez que l’EFO a remporté la coupe du Faso 2011. C’est un signe positif. L’équipe n’est pas si mauvaise. Il suffit seulement de bien recadrer les choses et elle repartira.
Le système de limitation des clubs dans les différentes villes adopté par la FBF quelle est votre analyse ?
C’est un système qui n’apporte pas un plus à notre championnat. Au contraire, il le casse et tout le monde le sait. A l’analyse, on se rend compte que ce n’est pas le meilleur qui monte en première division et tu peux être meilleur et te retrouver en 2e division . En football, il faut donner le mérite au club qui sont meilleurs. On a voulu essayer de faire plaisir aux villes de l’intérieur, mais qu’est-ce que ça nous apporte. J’apprends que Ziniaré va jouer un match de barrage contre Dédougou ; ils ne sont même pas dans le carré d’as. Subitement, ils jouent un match et puis paff, ils sont en première division. C’est un système qui a déjà été expérimenté au Faso. Quand j’étais au RCK, on était 5e du championnat, on avait la meilleure attaque, on a remporté la coupe du Faso, mais on nous a fait descendre en D2. On avait renoncé à ce système qui a ses limites. Mais voilà qu’on y revient.
Comment jugez-vous la nouvelle génération des Etalons aujourd’hui ?
Sur-le- champ, franchement dit, il y a du potentiel. Cependant on ne peut pas dire qu’on a un large potentiel. On n’a pas 18 joueurs de niveau international. Il y a quelques joueurs qui peuvent tirer le reste de l’équipe vers le haut. Pourtant pour être vraiment fort, il faut avoir également un très bon banc de touche, ce qui n’est pas le cas présentement. On a un bon groupe, entouré de joueurs d’expérience : Dagano, Kéré... On a pu trouver l’amalgame entre les anciens et les nouveaux, ce qui fait une force. Il suffit maintenant de mettre nos ambitions en hauteur et aller forcer le destin. On a Traoré à Auxerre, Pitroipa à Rennes, Bako à Lyon, Kaboré à Marseille, c’est déjà bon pour notre pays. Les échos sont favorables. Des gens m’appellent pour me dire, " il y a de très bons joueurs maintenant au Burkina" , et sont prêts à venir faire du business. Des joueurs ont déjà fait forte impression.
Dans les éliminatoires de la CAN Gabon/Guinée Equatoriale 2012, beaucoup de ténors risquent d’être absents à la phase finale. Selon vous est-ce une occasion pour les pays sans grade comme le Burkina de frapper fort ?
Ah oui !, c’est une chance. On nous a toujours mis dans les groupes des outsiders et il y avait celui des favoris. Aujourd’hui quand on regarde, ce sont les favoris qui seront absents, donc le Burkina a cette chance d’être favori. Il n’ y a plus de petites équipes aujourd’hui, le Niger a battu l’Egypte et l’Afrique du Sud, etc. Afficher ses ambitions pour le trophée peut paraître prétentieux pour nous. Mais on prendra match par match, pour avancer. Je n’ai pas de doute. Vu la qualité de nos joueurs, de notre staff technique l’espoir est permis. On doit le saisir parce que l’on ne sait pas quand est-ce encore cette opportunité va se représenter de nouveau. Si les Etalons doivent faire quelque chose, c’est dans cette CAN-là.
Est-ce que selon vous Paulo Duarte est un grand entraîneur ?
Je ne peux pas dire que c’est un très grand entraîneur, je suis coach, je sais ce que je veux dire. Quand on dit grandentraîneur, ça veut dire c’est quelqu’un qui a révolutionné. Pour moi, il n’a pas fait grand-chose pour l’instant, il a encore du boulot à faire. Il a qualifié notre équipe pour la CAN 2010, mais on est sorti au premier tour comme d’habitude, ce qui veut dire que là, il y a quelque chose qui ne va pas. Il n’est pas le premier à qualifier l’équipe pour la CAN, avant lui, "Saboteur" l’a fait, Sidiki Diarra l’a fait et j’en oublie. Il est arrivé à un moment où ça n’allait pas et il a pu redresser les choses. Cela suffit-il pour lui donner le costume de grand entraîneur ? Je ne pense pas. Le jour qu’il va réussir à nous faire passer cette étape du premier tour, il méritera le titre de grand coach. Pour l’heure, je dirai qu’il est bon entraîneur.
Certains joueurs avec la complicité de la fédération ont vu leurs âges diminués afin de leur permettre de jouer dans les petites catégories. On se rend compte de nos jours que cela constitue une bombe à retardement avec des réserves contre ces derniers à n’en pas finir, votre appréciation.
Si ces problèmes arrivent, il faut que la Fédération assume. Pourquoi nombre de jeunes retouchent leurs âges ? Le clair du temps, c’est pour rendre service à la Nation. Pourquoi s’en prend-on à eux après. Certains de ces joueurs mis en cause ont des licences CAF sinon des licences fédérales. On ne va pas refaire le monde. Le premier coupable c’est la fédération. Le joueur ne peut pas payer pour cela.
Voilà plus de 15 ans que vous bourlinguez dans le milieu du football ; quel est votre meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir je l’ai connu en équipe nationale, en 1995 en Côte d’Ivoire. Le fait d’être mené 2-0 par les Éléphants au stade Félicia en plus et pouvoir les remonter est phénoménal. J’ai marqué le but égalisateur. Cet exploit jusqu’à présent les gens me le rappellent, que ce soit Losséni Konaté, Ben Badi, etc., c’est des gens avec lesquels on est toujours en contact sur Facebook ; ça veut dire qu’eux-mêmes ont été marqués à vie.
Et le mauvais souvenir ?
C’est la 3e place perdue à la CAN 98 contre la RD Congo. On a joué trop facile parce que l’on croyait que le match était déjà plié 4-1, à 6 mn de la fin du match. On s’est rendu compte que le football, ce n’est pas ça, il faut être concentré jusqu’au bout. C’est un très mauvais souvenir. Après le match, Kassoum Ouédraogo "Zico" pleurait dans les vestiaires et m’a dit, "qu’on va le regretter toute notre vie", et effectivement on le regrette jusqu’à aujourd’hui. Parce qu’au moins on allait avoir la médaille de bronze, j’allais l’accrocher chez moi et dire à mes enfants que nous avons été 3e en CAN chez nous ici. Maintenant on ne peut que compter sur nos petits frères pour corriger ce triste souvenir.
ITW réalisée par Barthélemy KABORE
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