Si les grands navigateurs portugais prirent la route du sud dans l’espoir de contourner l’Afrique, quelques siècles plus tard, un de leur compatriote, Paulo Duarte, à lui préférer embrasser les terres continentales, et apporter une dose de bonne espérance au pays des hommes intègres : le Burkina. Sur les terrains de jeu, les Etalons franchissent les obstacles au galop. A l’horizon, une participation à la CAN Orange 2012 au Gabon et en Guinée Equatoriale est déjà quasiment acquise. La seconde consécutive pour ce pays classé à la 40ème place du classement FIFA, et qui a fait un bond prodigieux de 70 places depuis l’arrivée de Paulo Duarte en 2007. Entretien avec celui que l’on surnomme le Mourinho africain.
Paulo Duarte |
Paulo, depuis votre arrivée à la tête du Burkina, la sélection nationale n’a jamais été aussi brillante, quel est votre secret ?
Le secret, c’est le travail. Sauf que les choses plus complexes que cela, car tu peux bien travailler et ne pas avoir de bons résultats.
Mais il a quand même une explication à cette excellente passe que vous traversait avec le Burkina…
J’ai changé les règles. Quand je suis arrivé, rien n’existait. Tout le monde s’immisçait, le ministre des Sports comme le président de la Fédération. Au final, l’entraîneur ne faisait pas l’équipe. Les joueurs qui jouent en Europe exigent désormais de bonnes conditions. Et quand tu arrives en stage, que ta chambre est trop étroite ou alors qu’il n’y a pas de climatisation, tu ne peux pas être au haut niveau. J’ai discuté avec les dirigeants et j’ai changé tout cela. J’ai dit aux joueurs que c’est moi qui ferai l’équipe, et qu’à partir de ce moment-là, il y avait des règles et un état d’esprit.
Avez-vous été quand même subi une certaine ingérence dans votre travail ?
Dès mon premier stage, j’ai écarté quatre joueurs importants, certains qui étaient arrivés en retard et d’autres qui ne comprenaient pas les règles de vie. Ces joueurs étaient parmi les plus importants du pays, leur mise à l’écart fut une véritable bombe au Burkina et au sein du groupe. C’est une polémique qui a duré plus de 6 mois dans les médias. Mais ils ont compris qu’il avait quelqu’un qui commandait. Chacun a vu que je ne parlais pas pour parler. Je parle et je fais !
Ces mises à l’écart, était-ce aussi un moyen de créer de l’émulation au sein de l’effectif ?
Oui, ce fut le cas. Pour moi, il n’y a pas de grands joueurs ou des vedettes dans cette équipe, il doit seulement y avoir des jeunes qui veulent faire gagner leur équipe. Parfois, tu peux avoir des joueurs vedettes qui ne donnent pas l’exemple une fois sur le terrain. Ils gèrent leur effort ou se reposent sur leur statut, et cela n’est pas acceptable. C’est l’entraînement qui fait la différence. Et tous les joueurs ont compris ce message. Lors de cette mise à l’écart, j’ai joué avec des joueurs moyens et on a marqué quatre fois pendant une rencontre en Tunisie. Ce fut le début de l’aventure.
Le Burkina Faso est désormais 40ème au classement FIFA, les Etalons sont-ils plus respectés à l’échelle continentale ?
On commence à ressentir du respect de la part de nos adversaires. A l’indice de la CAF, on est la cinquième ou la sixième nation. On est tête de série lors des tirages au sort pour les qualifications à la CAN. On évite donc des poids lourds comme la Tunisie ou la Côte d’Ivoire. C’est plus facile pour se qualifier.
Pouvez-vous espérer plus avec cette équipe ? Une qualification pour le Mondial serait-elle dans les cordes de vos Etalons ?
Oui, c’est possible. Et j’en rêve. La dernière fois, nous avions gagné 10 matches, et perdu les deux rencontres qu’il ne fallait pas face à la Côte d’Ivoire. A domicile, nous avions pourtant joué notre match, nous aurions pu gagner 5-2, mais nous avons perdu 2-3. L’adversaire était pourtant la meilleure équipe d’Afrique sur le plan des individualités. Mais certainement pas la plus forte collectivement, ce qui est en revanche notre point fort. Je crois que nous sommes capables aujourd’hui de disputer une place pour une qualification au Mondial.
La CAN Orange 2012 pourrait être une excellente préparation…
Oui, c’est certain. Je pense que si on va à la CAN 2012, on fera une CAN très différente de celle que nous avons joué en Angola, car nous sommes déjà meilleurs, plus expérimentées. Et les joueurs commencent à être de plus en plus titulaires dans leur club. Notre équipe est en phase ascendante alors que d’autres sont en régression. L’Egypte est vieillissante, le Nigeria est irrégulier, le Cameroun aussi. Certains n’ont pas renouvelé leur effectif. Alors que nous avons une équipe avec 26 ans de moyenne d’âge, et des perspectives avec eux sur 5 ou 6 ans.
« Je ne suis pas Mourinho. Je suis Paulo Duarte »
Vous avez travaillé avec Mourinho (à l’Uniao Leiria), vous avez entraîné au Portugal en première division, Comment êtes-vous finalement arrivé en Afrique ?
Quand j’étais à l’Uniao Leiria, nous avions recruté un joueur qui s’appelle Ousseni Zongo, qui est actuellement encore au Portugal. Son agent et un représentant de la Fédération burkinabè l’ont accompagné pendant une semaine au club, ils ont vu ma manière de travailler, et après une conversation, ils m’ont proposé le Burkina. J’ai d’abord dit non, et puis j’ai réfléchi car c’est une sélection nationale et non pas un club. C’est donc plus intéressant au niveau de la visibilité.
Au point que vous êtes désormais surnommés le Mourinho d’Afrique. Avez-vous envie de prendre une sélection plus forte ?
Le Burkina est un pays qui aime le foot et qui joue bien mais son impact médiatique n’est pas fort. Je sais qu’un jour ça viendra, tranquillement. Je me fais un nom dans le football africain. J’ai eu des opportunités pendant la dernière CAN, le Mali m’a contacté cinq heures avant mon match face au Ghana. Ce que je sais, c’est qu’un jour j’irai ailleurs, et que cela passe aussi par des bons résultats avec le Burkina. Quant à mon surnom… On dit que je suis le Mourinho d’Afrique mais je ne suis pas Mourinho. Je suis Paulo Duarte. Mourinho, il est 1000 fois meilleur que moi. Je veux mon espace. Je suis un jeune de 40 ans. Il me reste encore 20 ans pour faire carrière. Je veux rester tranquille.
Votre nom avait circulé pour le poste de sélectionneur en Angola après la CAN. Pourquoi l’affaire n’a-t-elle pas abouti ?
Trop d’hésitations. On avait négocié mon contrat pendant un mois. J’étais le deuxième choix et, quand j’ai discuté avec les dirigeants, le nom de Laszlo Bölöni avait aussi surgi comme troisième option. On s’est mis d’accord sur le salaire, les primes de match, les objectifs mais jamais on ne s’est posés à une table pour signer. Le jour où on m’a appelé pour le faire, les conditions avaient changé alors j’ai dit non.
Comment gérez-vous votre vie entre le Burkina et votre famille au Portugal ?
Je partage mon temps entre les deux. 15 jours en Afrique, et le reste au Portugal. Je me suis adapté à l’Afrique, j’aime ce continent. Quand je suis au Portugal, il n’y a pas de souci, car on est bien organisé, et on connaît les réalités de notre groupe. J’ai donné la préférence à une sélection nationale, car je peux aussi gérer ma vie familiale.
Charles Kaboré, un des joueurs clés de la sélection des Etalons est très polyvalent avec l’OM. Il joue milieu défensif, relayeur ou même latéral droit. Comment l’utilisez-vous ?
Charles Kaboré n’est ni un 6, ni un latéral. C’est un milieu relayeur, un joueur qui aime courir, aller de l’avant et harceler son adversaire. C’est un joueur d’axe.
Vous êtes le dernier entraîneur portugais en date de la Ligue 1, avec Le Mans. Quel souvenir gardez-vous de cette première partie de saison 2009-2010 ?
J’avais toutes les conditions pour avoir du succès, mais il m’a manqué une chose fondamentale dans le football : la chance. On a tapé 14 fois les poteaux en 14 journées ! Il a peut être manqué aussi de faire venir des joueurs. On avait perdu quatre éléments majeurs : Yohann Pelé, Gervinho, Mathieu Coutadeur et Paulo André. On a juste fait venir João Paulo. Le Mans était peut être le seul club du monde à ne pas s’être renforcé en 2009-2010. Il nous manquait au moins quatre joueurs. La priorité pour le club était de financer le stade. Mais malgré tout cela, on jouait bien. On avait une qualité de jeu mais on ne marquait pas assez de points.
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