Aboul Razack Traoré sociétaire de Rosenborg
Traoré, on a été très surpris de te voir avec le Burkina Faso. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Tout s’est passé de façon naturelle. J’ai été contacté par la Fédération Burkinabé de Football qui a souhaité que je joue pour les Etalons. J’ai réfléchi et, ensuite, j’ai donné mon accord.
Pourtant, tu avais déjà été convoqué en juin 2008 avec la Côte d’Ivoire, ton pays d’origine ?
Effectivement. J’avais été convoqué par Vahid Halilhodzic. Mais, je n’avais disputé aucune des rencontres du deuxième tour des éliminatoires de la CAN et du Mondial 2010. D’ailleurs, je n’oublierai jamais le temps que j’ai passé avec les Eléphants. C’est une équipe merveilleuse. J’ai passé un mois avec eux. C’est dommage que je n’ai pas eu l’occasion de porter le maillot de mon pays natal. J’avais vraiment envie de montrer de quoi j’étais capable avec les Eléphants. Mais, c’est de l’histoire ancienne maintenant. Je n’ai pas de rancune.
On pourrait pourtant le penser ?
Ce n’est pas parce qu’on ne m’a pas donné ma chance avec les Eléphants que j’ai opté pour le Burkina. Non. Ça faisait déjà un bon bout de temps que les dirigeants burkinabè étaient sur mes traces. C’est vous dire que j’ai longuement réfléchi avant de me décider.
Tu es talentueux et très jeune, tu pouvais attendre avant d’avoir ta chance avec les Eléphants…
(Il coupe)C’est vrai. J’ai réfléchi à tout ça. Mais, d’un côté, le temps pressait. Je devais me décider surtout que j’avais moi aussi l’envie d’être international. Cette opportunité, le Burkina Faso me la tendait sur un plateau d’or. Souvent en football, il y a des chances qui ne se présentent pas deux fois. Avec tous les joueurs de renom que possède la Côte d’Ivoire, j’avais très peu de chance d’avoir une chance. Franchement, je ne regrette rien et je pense avoir fait le bon choix.
Quel accueil as-tu reçu dans ta nouvelle sélection ?
Un accueil formidable et chaleureux. Cela est allé même au-delà de mes espérances. Avant d’y aller, j’avais de petites appréhensions. Qui ont vite disparues. Personne ne m’a fait savoir que j’étais étranger. On m’a tout de suite adopté. J’ai discuté avec le sélectionneur qui est très cool. J’ai pu aussi parlé avec les dirigeants et le ministre des Sports. Tout le monde est heureux pour mon arrivée.
Ils t’ont dit ce qu’ils attendaient de toi concrètement ?
Ils n’ont pas à me dire ce qu’ils attendent de moi. Je suis professionnel. Je sais ce qu’on attend de moi. Je sais ce que je dois accomplir avec les Etalons. Je suis arrivé pour apporter un plus à l’équipe nationale burkinabé. L’objectif, c’est de hisser l’équipe le plus haut possible. En obtenant notamment notre qualification pour le Mondial et la CAN 2010.
Et, toi, tu penses pouvoir être à la hauteur de ces attentes ?
Bien sûr. Je me fais confiance. Je partage entièrement les objectifs de l’équipe. Avec mon expérience acquise en Europe, notamment en Ligue des champions, et mes qualités techniques, je pense que je peux apporter une plus value au groupe. Je suis à la disposition de l’équipe. Je ne décevrai pas.
Quel jugement as-tu des Etalons ?
Franchement, le Burkina Faso est une équipe d’avenir. Elle regorge de jeunes joueurs talentueux qui sont encadrés par quelques fameux anciens. Tout cela donne un cocktail explosif. C’est une équipe qui est appelée à atteindre le niveau des équipes comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria ou l’Egypte dans un futur très proche. Et puis, il y a une très bonne ambiance dans le groupe. Tout le monde est ambitieux et on tire tous dans le même sens. Seul un zeste d’expérience manque encore à l’équipe. Mais, dans trois ou quatre ans, le Burkina Faso sera une terreur sur le Continent.
Comment appréhendes-tu la suite des éliminatoires après la défaite à domicile contre la Côte d’Ivoire ?
Avec sérénité et espoir. On a certes perdu chez nous. Mais, rien n’est encore perdu dans ces éliminatoires. Il reste encore trois matches à disputer. Tout reste possible. On est confiant. La qualification pour le Mondial est encore largement jouable. En 2006, la Côte d’Ivoire s’était qualifiée pour le Mondial allemand alors qu’elle avait perdu contre le Cameroun à Abidjan. On jouera tous les matches à fond pour ne rien regretter après.
Tu sais que pour ne pas perdre tout espoir, vous êtes tenu de gagner à Abidjan ?
Il est clair qu’on doit faire un bon résultat à Abidjan. Si une victoire est l’idéale, un match nul ne serait pas mal non plus. Tout sera bon à prendre sauf une défaite. Ça ne sera pas un match du tout facile. Je peux vous assurez que ce sera un match de feu. La Côte d’Ivoire voudra gagner pour accroitre son avantage. Nous aussi, on vient pour gagner afin de rattraper notre retard. Mais, je pense que la pression sera plutôt sur la Côte d’Ivoire. Dans ces conditions, on sait que si on force, on peut bien battre les Eléphants à Abidjan.
Ce sera un match particulier pour toi qui va affronter ton pays natal ?
Evidemment. Mais, je ne me pose pas trop de questions. C’est vrai que je ressentirai beaucoup d’émotions. C’est ça aussi le monde du football. Je tâcherai de bien faire mon boulot le plus honnêtement possible. J’ai opté pour le Burkina, je jouerai sans état d’âme. Seule une victoire des Etalons me satisferai. Ce sera un très gros challenge pour moi. Mais, je n’ai aucun esprit de vengeance.
La rencontre, c’est dans moins d’un mois. Comment comptes-tu l’aborder ?
J’attends d’abord d’être convoqué par le sélectionneur. Pour le moment, je n’ai pas grand ‘chose à dire. Je n’ai pas tiré aussi de plan sur la comète. Ce qui est certain, c’est que chacun de nous attend donner le meilleur de lui-même. C’est le match à ne pas rater.
Peux-tu faire une promesse aux supporters burkinabè ?
Une promesse ? Je demanderai simplement aux supporters des Etalons d’envahir massivement le stade Houphouët-Boigny le 5 septembre prochain. On a vraiment besoin d’eux pour relever cet énorme défi. Nous, nous allons donner le meilleur de nous même. On va donner tout ce qu’on a dans le ventre pour battre la Côte d’Ivoire. On a donc énormément besoin de leur soutien. Qu’ils soient rassurés, on les fera plaisir. Comment te sens-tu dans ton club ?
Ça va. Je me porte très bien. J’ai été blessé mais aujourd’hui, tout va bien. J’ai repris et je suis entrain de retrouver progressivement mon meilleur niveau. Il y a une semaine, je suis entré en jeu et j’ai provoqué le penalty qui a donné la victoire à mon équipe. Je retrouve mes sensations. Actuellement, nous menons la course à la tête du championnat. J’espère qu’on sera sacré champion de Norvège en fin de saison.
Sport-Ivoire